Son origine botanique est du genre Piper Nigrum, elle provient de la chaîne des Ghats occidentaux situés dans l’ouest du Kerala en Inde.
L’histoire de la culture et du commerce du poivre est riche, pleine d’aventures, de voyages vers des terres inconnues et de construction de somptueux édifices grâce aux profits tirés de ce commerce. L’histoire du Poivre de Kampot n’est pas en reste, elle remonte à plusieurs siècles et est étroitement liée à la région de Kampot, située au sud du Royaume du Cambodge. La Province de Kampot, avec son climat tropical associé à sa configuration géographique entre collines et mer, ses sols riches et ses précipitations modérées, offre un environnement idéal pour la culture de ce poivre.
Récit d’un Poivre et de sa Renomée
Origines Anciennes
La culture du poivre à Kampot remonte à l’Empire Khmer, le poivre, cultivé à des fins vivrières, médicinales et commerciales était exporté dans l’Asie du Sud-Est, la Chine et au-delà. En raison de son arôme subtil et de son goût raffiné, le Poivre de Kampot acquit une réputation de qualité exceptionnelle, ce qui en fit une denrée très prisée sur les marchés régionaux et internationaux.
Les premières traces écrites quand à elles, remontent au XIIIème siècle. Zhou Daguan 周達觀, diplomate chinois connu pour ses récits des coutumes du Cambodge et des temples d’Angkor, y consacra une partie de ses écrits et en fit pour la première fois la description.
Période Coloniale
Il existe un événement clé qui intensifia la production de Poivre à Kampot. Venus à la base sous prétexte d’uniquement commercer, les néerlandais déstabilisèrent et fragmentèrent le sultanat d’Aceh (Ile de Sumatra). Au début de la guerre qui en découla « Guerre d’Aceh – Indonésie – 1873-1908 », Le sultan d’Aceh, ne voulant pas laisser sa richesse à ses ennemis, décida de brûler ses plantations de poivre en 1873-1874.
De ce fait, soumis à une demande toujours croissante de la part des marchés européens, de la construction d’un port marchand à Kampot et l’introduction de techniques agricoles modernes au Cambodge, la production du poivre s’y intensifia et prospéra pendant la période coloniale française (1863-1950). Le Poivre de Kampot gagna en renommée et devint l’un des produits d’exportation les plus importants du Cambodge. En 1928, la majeure partie du poivre utilisé en France provenait de cette région et, dans les années 1960, la production atteignit jusqu’à 8000 tonnes par an.
Déclin et Renaissance
C’est pendant les années de conflit et d’instabilité au Cambodge durant le XXème siècle, que la production de Poivre de Kampot a considérablement diminuée. Le poivre n’étant pas une denrée vitale et un symbole du colonialisme français au regard du régime « khmer rouge », les plantations furent souvent converties à la culture du riz ou négligées, son exportation interrompue et la réputation de ce poivre a décliné. C’est à la fin des années 1990 que des agriculteurs locaux, souvent des petites exploitations familiales, qui par des efforts considérables ont relancé la culture du Poivre de Kampot par bouturage. A partir d’un poivrier on peut produire 3 boutures par an, il fallu environ 15ans pour que la production de Poivre de Kampot devienne viable et cela, tout en promouvant des pratiques agricoles durables afin de redonner vie à cette industrie traditionnelle.
Reconnaissance Internationale
Au début du XXIème siècle, le Poivre de Kampot a commencé à retrouver sa renommée internationale. Sa qualité exceptionnelle, ses saveurs complexes et son caractère unique ont attiré l’attention des chefs étoilés, des connaisseurs et des amateurs de cuisine du monde entier. En 2010, le Poivre de Kampot a obtenu le statut d’indication géographique protégée (IGP) de l’union européenne, reconnaissant ainsi son lien étroit avec la région de Kampot et la qualité de son terroir.
Aujourd’hui, le poivre de Kampot est apprécié pour sa saveur raffinée, son arôme subtil et sa qualité exceptionnelle. Sa culture est devenue un symbole de la renaissance de l’industrie agricole au Cambodge et de la fierté des habitants de la région. La renaissance du Poivre de Kampot illustre la résilience des traditions agricoles anciennes et la détermination des communautés locales à préserver un patrimoine culinaire précieux.
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